domingo, 27 de junio de 2010

La Leçon d'Eugène Ionesco

A propos de La Leçon d'Eugène Ionesco

Dans La Leçon, ce n'est pas l'histoire qui est importante, ce ne sont pas des personnages particuliers que Ionesco met en scène. La Leçon est ce qu'il a appelé un drame "pur" qui présente une "action modèle de caractère universel", une action modèle telle qu'il l'envisageait dans ses notes sur le théâtre: "Je voudrais pouvoir, quelquefois, pour ma part, dépouiller l'action théâtrale de tout ce qu'elle a de particulier; son intrigue, les traits accidentels de ses personnages, leurs noms, leur appartenance sociale, leur cadre historique, les raisons apparentes du conflit dramatique, toutes justifications, toutes explications, toute la logique du conflit… .ª (pp. 297-298) Dans ce face à face d'une élève et d'un professeur, c'est à la dynamique entre le pouvoir et le savoir que nous sommes confrontés. On peut bien sûr penser à la subjectivité du savoir imposé par tout régime totalitaire mais aussi à la violence faite à tout esprit logique dans la situation d'apprendre. Les logiques mathématiques ne sont après tout que des systèmes auxquels l'esprit peut résister au risque d'en souffrir… La violence faite à la nature apparaît dans la suite de leçons qui aboutissent à la mort des élèves — certaines assez fines d'ailleurs pour mettre le professeur en défaut — mais la violence ne s'interrompra pas. Même la bonne, dernier sursaut de la conscience de celui qu'elle sert n'empêchera pas les prochaines leçons.

Avec La Leçon, Ionesco nous donne un exemple parfait de construction théâtrale telle qu'il l'a définie: "Une pièce de théâtre est une construction, constituée d'une série d'états de conscience, ou de situations qui s'intensifient, se densifient, puis se nouent, soit pour se dénouer, soit pour finir dans un inextricable insoutenable." (p. 339) Le spectateur participe à ces "états de conscience" jusqu'à l'insoutenable viol. Il subit et partage les maux de l'élève et tout à coup se pose des questions: pourquoi l'être humain a-t-il autant de mal avec la soustraction sur laquelle Ionesco nous arrête aussi longtemps? Et si cette résistance à la soustraction n'était qu'un reflet de la peur de la mort, moteur de l'écriture chez Ionesco, ainsi qu'il l'a dit lui-même: "j'ai toujours eu l'impression d'une impossibilité de communiquer, d'un isolement, d'un écartement; j'écris pour lutter contre cet encerclement; j'écris aussi pour crier ma peur de mourir, mon humiliation de mourir." (p. 309)

Pourtant Ionesco a écrit un drame comique, comique qui se mêle aux moments où affleurent la tyrannie et la violence du professeur… Malgré la tyrannie de l'existence, il faut continuer; quoi de mieux que la dérision, que les jeux de mots plutôt que les maux pour échapper à la souffrance existentielle et à la soustraction finale.

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